Jardinier de golf : un métier dangereux

Vu et entendu au golf de l'Estérel.
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Un jardinier ratisse à la main un bunker de green. Soudain il sent le souffle d'une balle qui lui frôle le crâne pour finir quelques mètres plus loin.
Il lève la tête et, énervé, s'adresse à son "agresseur":
- Vous auriez pu prévenir !

- J'ai fait des signes avant de jouer.
- Je ne pouvais pas vous voir, j'avais la tête baissée, je ratissais.
- Vous n'avez qu'à vous pousser quand on joue.
- Si vous êtes pas content, vous  n'avez qu'à jouer ailleurs. Vous vous rendez compte, j'aurais pu mourir.
- Et alors ? Ça fera un de moins, répond un deuxième joueur, sans préciser s'il parlait d'un jardinier ou d'un français d'origine étrangère.
De retour au club, les deux membres vont à l'accueil se plaindre du comportement du jardinier, en omettant d'expliquer en détails le leur et notamment leur dernière réplique.
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Je suis en train de découper les bordures du bunker de green du 13. Je relève la tête et j'aperçois des joueurs qui attendent. Je m'abrite près de mon engin de transport. Un joueur ajuste son approche et crie "balle" dès qu'il réalise sa trajectoire. je me rapproche du véhicule qui me protège de l'impact.
Le joueur s'approche de moi :
- Excusez moi.
- Pas de problème, vous aviez prévenu. Merci.
- Vous faites un métier dangereux.
- Je sais, oui.
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Extrait d'un article de Greenside. Brian Youell, intendant de golf au Canada, parle des suites de sa blessure cérébrale.

J'étais sur un fairway, à repérer un câble d'arrosage avec un détecteur. Après une heure et demi de travail, moins attentif à mon environnement, je reçus une balle dans la tempe et je tombais au sol. Je réussis à me relever et, malgré des étourdissements, j'assurais les joueurs que j'étais OK.
Dans la nuit, ma femme dut m'emmener à l'hôpital car mon état se dégradait. Je me sentais malade, confus, et j'avais des vertiges. Je ne me souvenais ni du prénom de mes filles, ni de ma date de naissance. Heureusement une radio et un scanner ne décelèrent aucune blessure.
Après trois semaines je reprenais mon poste, mais je ne pouvais pas travailler plus de deux jours de suite. Quand je terminais une tâche, 15 minutes plus tard, je ne me rappelais pas de ce que j'avais fait.
Ma commotion entraîna des troubles : des maux de têtes durant 6 semaines, des problèmes de mémoire, des difficultés à parler, des moments d'anxiété et d'extrême émotion.
Mon état continua à se détériorer et je commençais à me replier sur moi même, évitant le contact avec les autres, perdant goût à la vie. Je travaillais sur le terrain tôt le matin et le reste de la journée je m'isolais dans mon bureau. Je commençais à perdre la compréhension. Je ne pouvais plus faire une addition, ni conduire. Mon cerveau était incapable de filtrer les informations. Il cherchait à les traiter toutes en même temps.
Le médecin qui me traite, un spécialiste du cerveau, m'a dit qu'il me faudrait 18 à 24 mois pour récupérer 80 % de mes capacités cognitives. Ma personnalité, mon caractère, ne seront plus jamais les mêmes. Il m'a été très difficile d'entendre ma fille de 10 ans dire qu'elle voudrait que "son ancien papa" revienne.
Je partage cette histoire avec vous pour que vous compreniez mieux les conséquences d'une commotion cérébrale.
Je suis peut être une personne différente, mais je suis plus chanceux que le jardinier en Floride qui dernièrement est mort d'une blessure similaire.
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Je ne sais pas ce que vous pensez de ces témoignages mais moi, c'est clair, je ne veux pas finir comme ça !


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