Coup de chaud !

La maintenance d'un golf n'est pas toujours une partie de plaisir. Depuis deux semaines vous avez pu remarquer que  le golf changeait de couleur, et que les opérations de maintenance sur les fairways étaient réduites au minimum.
N'y voyez aucune négligence de notre part, mais plutôt des mesures de préservation du couvert végétal, mis à mal par un incroyable enchaînement de circonstances, qui a  rendu quasi impossible l'arrosage du parcours.




L'arrosage de l'Estérel a l'âge du golf, environ 27 ans. Construit selon les normes de l'époque, il est en fin de vie, et ses performances ne sont plus adaptées aux standards actuels.
Des travaux ont été faits pour lui redonner un coup de jeune. La station de pompage a été changée et, pour protéger les canalisations fragilisées par l’âge, des vannes de régulation de pression ont été installées.
Bon an, mal an, nous arrivions à appliquer, à peu près régulièrement, suffisamment d'eau pour maintenir de bonnes conditions de jeu.
Mais il y a 15 jours, il parut évident que quelque chose clochait sur le parcours. Les températures n'étaient pas élevées mais, inexorablement, le golf prenait l'aspect qu'il a d'ordinaire en fin d'été.

Un aspect anormal pour un mois de mai

Après avoir soupçonné l'aération des fairways de les avoir rendu trop drainants, nous avons découvert que l'arrosage ne fonctionnait pas correctement.
Les trous 3, 4 et 5 étaient bien irrigués, mais le reste du golf souffrait des conséquences d'un manque de débit et de pression dans le réseau d’irrigation.
Les symptômes étaient intermittents, et nous ne pouvions établir un diagnostic fiable.
Nous avons d'abord vérifié les vannes de régulation aux 1, 5 et 6. Puis nous avons découvert une vieille vanne de régulation sous le rond point, abandonnée depuis 25 ans. Celle-ci était encore équipée de sa membrane qui, percée, bloquait partiellement le passage de l'eau.
Mais notre victoire fut de courte durée, car l'arrosage ne marchait toujours pas, et le golf séchait à vue d’œil. Nous avons ensuite émis l'hypothèse que la station de pompage ne fournissait pas assez d'eau.
En une journée, nous avons démonté 3 colonnes d'aspiration, nettoyé les clapets de pied, réparé 2 clapets défectueux dont un bouchait l'alimentation d'une pompe. Nous nous sommes aperçus que deux pompes avaient un débit insuffisant. Notamment la pompe n°2, dont l'hydraulique était fortement endommagée.

Pièce de métal retrouvée dans
l'hydraulique de la pompe 2

La nuit suivante, le programme d'arrosage, dont le débit avait été réduit pour tenir compte des deux pompes défectueuses, ne passait toujours pas.
Nous avions circonscrit l'origine du problème au réseau situé entre le 1, le 5 et le 6 mais, à cours d'explication logique, nous décidons de neutraliser tous les éléments pouvant entraver le passage de l'eau. Nous retirons les membranes et les mécanismes des vannes de régulation. Ce faisant, nous découvrons que celle du 1 ne s'ouvrait pas totalement.


Avec espoir et appréhension nous testons le débit, mais encore et toujours, pas assez d'eau.
En dernier recours, nous envisageons la possibilité d'un bouchon, quelque part entre le rond point et l'entrée du domaine. Nous sollicitons SOS DEBOUCHE  qui envoya son furet hydraulique, alimenté par de l'eau à 250 bars de pression, dans la canalisation en question. Après 50 mètres, il buta sur un obstacle. Nous mesurons la distance, et nous nous arrêtons sur un regard de vanne, parmi tous ceux du rond point. Nous entendons la pression rugir sous nos pieds.  Le blocage est bien ici ! Le fontainier prend sa clé et commence à actionner la vanne. 1 tour, 2 tours, pas de doute elle est bien fermée. Après l'avoir ouverte, nous nous précipitons pour faire des tests d'arrosage. A chaque fois nous déclenchons sans peine 6 arroseurs , alors qu'avant nous ne pouvions pas en faire sortir plus de 2.
Problème résolu, enfin !
Que fait il retenir de tout cela ?
Qu'il est important d'avoir un plan de recollement précis, ce qui n'est pas notre cas, malheureusement.
Qu'il faut songer à installer un nouveau système d'arrosage, fiable et performant. Car, en dehors d'une vanne fermée, nous avons mis à jour des problèmes dans la régulation de la pression, dans la gestion informatique centralisée, dans la station de pompage, ou la solidité des canalisations.
La question que tous se posent est celle de savoir pourquoi cette fameuse vanne était fermée ? C'est l'employé de SOS DEBOUCHE qui nous a livré la réponse. En sortie d'hiver, il y a eu une grosse fuite dans une résidence ou le centre commercial. Dans la panique, pour stopper l'eau, plusieurs vannes, au hasard, ont été fermées. Dont celle de l'arrosage de l'Estérel. Et malheureusement, elle n'a pas été rouverte. Simple, mais dramatique !
Car dès que les températures ont augmentées, le terrain a commencé à sécher. Nous avons tout fait pour préserver les greens, qui n'ont pas trop souffert. Par contre, pendant 15 jours, les fairways n'ont pas été arrosés, et le parcours a pris l'aspect d'un links, avec toutes les qualités de fermeté et de roule qui font la beauté de ce type de golf.

Nous ne sommes pas à Carnoustie, ni à Vineuil-Chantilly
mais à l'Estérel

Car si l'aspect du terrain a changé, le jeu n'en a pas été affecté. Ceci prouve que la couleur n'a rien à voir avec l'appréciation golfique d'un parcours.
C'est un enseignement important que de pouvoir dissocier couleur et qualité. "Green is not great"  : nous en avons eu la démonstration.

Le 17 pendant la panne d'arrosage

Le 17 après quelques arrosages

Avec le retour d'apports réguliers d'eau, le gazon redémarre déjà, preuve que le travail de décompactage hivernal, pour faciliter l'infiltration de l'eau, a été efficace.  Et après quelques fertilisations liquides, les choses rentreront dans l'ordre.
Pour le meilleur et le pire.

Fuite au 9, l'eau et la pression sont de retour !